21 septembre 2015

Mark Wynn - Support your local scene, go watch your mate's shit band

Pendant que la presse s'extasie sur le très radiogénique Jake Bugg, son exact opposé, un autre angliche nommé Mark Wynn, enchaîne les disques foutraques, aux titres débiles, et les clips délirants sur youtube, en mode Jeeves est un folkeux, dans une indifférence à peu près complète. Aucune injustice là derrière puisque Wynn s'inscrit dans une lignée de losers invétérés, assumés et, dans le cas présent, revendiqués.

Se révolter contre ça équivaudrait à vouloir que Syd eut pris moins de LSD, que Mark E. eut bu moins de pintes, que Hasil n'ait pas été consanguin, que R. Stevie eut moins d'humour, que Daniel allât moins souvent en hôpital psy ou que Jandek y allât, au contraire, plus souvent soigner son Asperger. Ça serait aussi con que de vous encourager à entretenir de la jalousie envers votre cousin qui a mieux réussi sa vie que vous. Alors que ce n'est tout simplement qu'une question d'éducation et que vous n'avez jamais eu son pouvoir de séduction de toute façon, déjà tout petit c'était lui le préféré de pépé et mémé, mais dans le fond vous savez que vous êtes certainement plus intelligent que lui et votre vie n'est, au final, pas moins cool que la sienne, seulement plus pauvre. Vous pouvez alors retourner somnoler, seul, dans vos draps sales, inchangés depuis des mois. Mark Wynn est là pour vous.


Le mec, il gâche ses évidentes capacités de songwriter et son aptitude à trouver dix milles idées par morceaux par un petit vice insoluble : la paresse. Ses chansons sont complètement des chansons de branleurs. Un certain inconfort, né de la frustration de l’inachèvement des morceaux, survient à chaque écoute. Ils ne se structurent jamais et jamais ne perce la toile des émotions. C'est comme quand votre pote, ou vous-même, grattez deux pauvres accords à la guitare et inventez des textes en même temps, juste pour se marrer. Les compositions s'arrêtent parfois après avoir enfin trouvé leur refrain. D'autres fois elles se terminent par un solo minable. Et d'autres fois encore après un simple couplet.
Cependant, ce qui serait un reproche à adresser avec véhémence à beaucoup d'autres est ici ce qui rend la musique précisément addictive et le personnage de Mark Wynn éminemment sympathique. Il se contente de balancer toutes les conneries qui lui passent par la tête d'observateur pince-sans-rire typiquement british. Ce ton détaché et cet accent cockney (rebel) qui se trouvent dans la filiation de Dean Tracey, Mark E. Smith, Patrik Fitzgerald ou Robyn Hitchcock voire même de Mike Skinner. Il semble tout faire pour caser son chant à contre-temps. Une sorte d'anti-chant où l'on a l'impression qu'il cherche à retenir ses mots, qui sortent malgré lui. Un peu comme quand vous êtes bourré, ou pas d'ailleurs, et qu'une réflexion vous échappe et que vous vous demandez : « j'ai vraiment osé dire ça ?! ». Ce n'est peut-être pas pour rien si un de ses meilleurs morceaux s'appelle « Words », mais il se trouve sur un autre album que celui-ci alors ça sert à rien d'en parler.
Du reste, les arrangement, même enregistrés à l'arrache, sont parfaits et par parfait j'entends parfaitement crades. C'est ce qui permet que le tout ne sonne pas trop aride. Ça et la qualité des morceaux bien évidemment.
Finalement ce Mark Wynn me plaît uniquement parce qu'il me ressemble. J'aurais aussi pu appeler un disque « Support Your Local Scene, Go Watch Your Mate's Shit Band » si je n'avais pas été encore plus branleur que lui pour ne pas enregistrer de disque.

Je vous expliquerais bien à quel point ce type est génial et sa musique excellente plus en détail. Et ses paroles alors ! Mais j'ai une réputation à tenir. Je n'ai rien à faire de mieux, alors j'en resterai là. Et ne cherchez pas plus de logique là dedans que dans une chanson de Mark Wynn. Vous n'en trouverez pas.

Pendant ce temps Jake Bugg fait une musique de vieux, pour les vieux, agréable et prévisible, dont les arrangements n'ont d'originaux que le degré où ils poussent la banalité et dont les influences sont partagées par tout un chacun. Tant mieux qu'il existe, c'est très bien, et tant mieux que tout le monde ne veuille pas sonner comme lui, c'est encore mieux.



Me Rz

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